mardi 10 décembre 2013

Méthode

Elle avait fait relire l'un de ses premiers textes à Antoine. Elle y plantait le décor de sa première rencontre avec Daniel, alors qu'il était en reportage outre-Manche.

"En 1989, le Nord-Est de l’Angleterre était dur surtout en matière de dope.

Le chômage, les bus vides, la pollution et les mines ravagées par l'alcool me saisirent à la gorge. Les soirées de Durham se résumaient à des bagarres de rue et à des filles dévêtues qui vendaient leurs charmes. 

Ce soir-là un banquier trentenaire m'avait courtisée, parce que le matin même j'avais ouvert un compte dans son bureau de change. Il avait cru bon de m'embrasser et de mettre sa main dans ma culotte, dès mon arrivée, dans le seul pub ouvert de la rue principale. Quelques pintes plus tard, il me ramena à mon collège où il pensait pouvoir finir la nuit avec moi mais il se fit refouler par le concierge  :"you can't".

Je le plantais là, happée par ma tribu française qui avait en tête, que tous les excès étaient pour maintenant et nos jeunes années. Notre ravitailleur en substances était là lui aussi. Cécile, ce garçon au regard si doux, ne connaissait que les plaisirs distillés par les veines. Il me roula un patin comme il en avait le don : langue à plat, débordante de salive acide. 

Nous étions déjà tous raides de l’avoir embrassé ainsi à tour de rôle. Je ne savais plus à qui j’allais m’offrir. Je n’identifiais plus les contours de mon corps de ceux des autres convives, qui dansaient sur du Cure. J’étais devenue soluble dans le monde. On m’aurait demandé qui j’étais, je crois que j’aurais répondu le fa dièse.

Mon trip m’amena pour vingt quatre heures je ne sais où. A mon retour, Phil Collins me chuchotait «another day in paradise» dans le casque de mon walkman alors que Daniel me regardait au travers de son téléobjectif."

Antoine avait lu, sans commenter le fond, ne s'attachant qu'à la forme. 

- Tu devrais approfondir cette veine-là; entre fiction et souvenirs personnels; une manière d'autofiction où tu laisses libre cours à ton imagination. Lâche prise; fiche-toi du réel tout en le surveillant d'un oeil; ne retiens de lui que l'essentiel émotif. Tu as la plume faite pour ça, Anne.

Alors elle l'avait écouté. Elle avait jeté l'encre sur le papier comme on jette l'ancre à la mer mais garantie de toujours repartir ensuite, se laissant ballotée par les mots. 

Plus tard, il avait insisté à nouveau.

- N'écris jamais sous la contrainte. Laisse çà aux alimentaires journalistes qui sont capables de composer un texte avec autant de mots que, sang de cordon, sonate de Corelli, magie, tectonique des plaques et poupées russes, dans la même page, parce qu'on les y oblige. Tu es libre, Anne. Terriblement libre.  

Et il s'était mis à rire, de son rire pyromane qui rallumait en elle tous les possibles.




dimanche 8 décembre 2013

Duroy de l'affiche

Alors, oui, franchement, quand un Duroy® m'arrive par courriel dans un retentissant tadaaaaaaaaaaa!!!!!!!!, forcément même si le cadeau n'est pas emballé, moi je le suis, quoi !

Je ne confonds pas photographe et phonographe, rassurez-vous, mais je connais bien la musique des objectifs.

Elle est douce à l'oreille pour ceux qui savent ouvrir les yeux.

Comme dans la chanson, mon Duroy® s'voyait déjà en haut...
et ce sera en haut de forme, grâce à vous. Alors...

Merci infiniment et Chapeau l'Artiste !

     -Le post-it® est de quelle couleur ? Je sépia
    -Mais vous ne seriez pas daltonienne par hasard ?                                                             © 2013.